Les rapports récents suggèrent qu’il existe environ 20% des nourrissons de moins de 12 mois connaissant des épisodes prolongés de pleurs. C’est ce que l’on appelle le plus communément les coliques du nourrisson. Ce phénomène peut devenir un véritable calvaire pour certains parents.
En effet, il existerait des associations entre ce comportement du bébé et la dépression maternelle. De plus, ce phénomène peut représenter un véritable danger pour le bébé car des études ont montré que le pic de pleurs naturels à 6 semaines coïncide avec l’âge maximal où l’on retrouve des blessures graves voire tragiques à la suite de maltraitances adressées aux nourrissons.
En plus des soucis rencontrés par les parents, ce phénomène a également un véritable coût pour la société. Une analyse a en effet révélé que le coût annuel pour le service national de santé des pleurs et des problèmes de sommeil du Royaume Uni pendant les 12 premières semaines de vie était de 65 millions de livres sterling.
Enfin, la médicalisation de ces symptômes est controversée compte tenu du jeune âge des sujets. Toutes ces données ont donc alerté les chercheurs qui ont cherché à évaluer si un traitement manuel appliqué à ces nourrissons pouvait réduire ces pleurs en question.

Méthode

Les chercheurs ont réalisé une méta analyse afin de regrouper tous les meilleurs articles traitant de ce sujet au cours des 26 dernières années.
Au final, 19 études ont été sélectionnées avec plus de 1000 nourrissons ayant participé à celles-ci.
Parmi toutes les données que les chercheurs ont voulu faire ressortir de cette synthèse d’études, ce sont celles qui regroupent le temps de pleurs et le nombre d’événements indésirables signalés qui nous intéresserons le plus.

Résultats

Les résultats vont faire rêver plus d’un parent :
Il existe des résultats statistiquement significatifs apportant la preuve que le traitement manuel a réduit le temps de pleurs de 1h16min en moyenne par jour.
Le risque d’évènement indésirable non grave (aggravation des symptômes par exemple) était plus faible chez les enfants traités par la thérapie manuelle (7 évènements/1000 nourrissons traités) par rapport aux enfants non traités (110 évènements/ 1000 nourrissons)

Commentaires

Les traitements manuels comme l’ostéopathie sont basés sur le principe que les nourrissons peuvent avoir des contraintes musculo-squelettiques ou des limitations fonctionnelles affectant leur confort, leur alimentation ou encore leur bon fonctionnement intestinal.
On peut donc supposer qu’après les traitements, les nourrissons ne connaissaient plus de contraintes pouvant justifier leurs pleurs ce qui a engendré une baisse de ces derniers.
Cette méta analyse nous informe également de la sûreté et de l’innocuité des traitements manuels appliqués aux nourrissons. Cette donnée est particulièrement importante non seulement pour les parents mais aussi pour le monde médical qui peut parfois être réticent à l’idée de laisser un nourrisson se faire manipuler surtout lorsque l’on connaît leur fragilité.

Conclusion

Cette étude est particulièrement récente (sortie en 2018) et mérite donc d’être diffusée le plus possible. En effet, des données comme celles-ci peuvent, petit à petit, faire émerger l’idée qu’il peut être opportun de faire rentrer progressivement des thérapies telles que l’ostéopathie dans l’arsenal thérapeutique mis à disposition des nourrissons et des parents. De futurs travaux collaboratifs entre des ostéopathes et des pédiatres seraient sûrement une belle manière d’appréhender de manière pluridisciplinaire tous les problèmes si compliqués de la petite enfance.

Références

Manual therapy for unsettled, distressed and excessively crying infants: a systematic review and meta-analyses // Dawn Carnes, Austin Plunkett, Julie Ellwood, Clare Miles // BMJ Open. 2018 Jan 24;8(1):e019040