Les musiciens, des athlètes comme les autres ?

Vous ne le saviez peut être pas, mais l’ostéopathie peut être très bénéfique aux musiciens. Si les sportifs sont encadrés par un staff médical plus ou moins complet, les musiciens eux le sont rarement. Certes, ils subissent moins de chocs et leur corps est moins mis à l’épreuve qu’un footballeur, un tennisman ou un yatchman. Pas d’intérêt à priori à être suivi par un ostéopathe lorsque l’on joue de la guitare ! En êtes-vous si sûr que ça ?

Les contraintes subies par les musiciens

L’organisme du musicien subit quotidiennement des contraintes très importantes ; elles peuvent être d’ordre physiques mais également psychiques. Les mêmes gestes sont répétés un nombre incalculable de fois, la majeure partie du temps les musiciens sont en position statique, et gardent la même posture pendant des heures parfois.

Les musiciens sont donc sujets à des troubles musculo-squelettiques dus à l’exécution de ces mouvements répétitifs et au maintien d’une posture (souvent asymétrique) pendant des heures. Ils évoluent dans un milieu souvent très bruyant, doivent respecter un planning très chargé, ils sont très régulièrement en tournée (voiture, train, avion). Sans parler du trac auquel ils doivent faire face devant leur public. La dimension psychologique est donc à considérer avec beaucoup d’attention. Elle peut être parfois la cause de ses symptômes physiques, ou bien à minima amplifier ces douleurs.

Plusieurs types d’affections peuvent toucher les musiciens :

  • des douleurs « classiques » au dos, telles que des douleurs lombaires
  • des tendinites, qui correspondent à une inflammation au niveau d’un tendon trop (ou mal) sollicité
  • de l’arthrose, qui est l’usure d’une articulation
  • des névralgies, qui sont des douleurs sur le territoire d’un nerf (sciatique par exemple)

Prévenir avant de guérir

La meilleure solution reste la prévention. Si vous souffrez de douleurs, vous devriez arrêter de jouer et consulter une ostéopathe spécialiste de la thérapie manuelle douce. Une blessure, même minime, risque de s’aggraver, et vous empêcher de jouer plus tard.

Pensez à la préparation physique pour éviter les blessures, comme le ferait un sportif. Pensez à vous échauffer, et à vous étirer. Instaurez une routine avec des exercices d’assouplissement par exemple.
Apprenez aussi à connaître vos limites, et à écouter votre corps. Une légère prise de poids peut par exemple sembler anodine, pourtant elle exercera une pression supplémentaire sur votre dos.

L’intérêt de l’ostéopathe pour les musiciens

L’ostéopathie est particulièrement intéressante pour les musiciens en prévention d’apparition de troubles. Si vous pouvez effectivement consulter un ostéopathe lorsque vous commencez à ressentir une gêne ou une douleur, un suivi régulier vous sera profitable.
L’ostéopathe analysera votre posture, en position statique, mais aussi en mouvement. S’il y a lieu, il vous donnera des conseils pour l’améliorer. Il vous indiquera aussi comment restaurer un mouvement « normal » en déterminant les zones de votre corps soumises à un « stress » avant l’apparition même de symptômes.

Diverses catégorie de troubles pour différentes catégories d’instruments

Instrument à vent

Cette catégorie d’instruments provoque deux catégories de troubles : d’une part les troubles « classiques » liés à la posture (membre supérieur…) ; d’autre part, les troubles de la sphère pulmonaire et oro faciale.
Ces derniers peuvent générer :
– des troubles de l’ATM (articulation temporaux mandibulaire), en particulier une difficulté d’ouverture de la mâchoire, gène à la mastication et des craquements (parfois associés à des maux de tête).
– des douleurs dorsales, et des troubles musculaires : les instruments à vent nécessitent une bonne compréhension et utilisation de votre colonne d’air ; un diaphragme en tension pourrait vous perturber dans ce travail. Toute la difficulté réside dans le fait de « s’appuyer » sur cette colonne d’air pour solliciter le moins possible les muscles de la face et du cou, qui vont se fatiguer très rapidement sinon. Ils peuvent en outre subir des contractures (provoquant des douleurs cervicales) voire même des déchirures, nécessitant alors un arrêt temporaire voir définitif de l’instrument.
– des pathologies respiratoires (pneumothorax, infections pulmonaires).
Pratiquer un instrument à vent nécessite un encadrement adapté par un enseignant, et la pratique d’une activité physique régulière. Il est aussi fortement déconseillé de fumer.

Choriste

Le choriste utilise son propre corps comme instrument ; si celui-ci est crispé, la performance vocale sera automatiquement altérée. Les zones-clés sont :
– le diaphragme : faites des exercices de respiration basse et abdominale
– les cordes vocales : hydratez vous bien et ne forcez jamais sur votre voix
– vos épaules : gardez les épaules basses

Batteur

Attention aux réglages : ne pas s’asseoir trop bas, ne pas placer les cymbales trop haut, et ne pas se recroqueviller, sous peine de souffrir de troubles posturaux.
L’utilisation de la double pédale est une contrainte de plus pour vos lombaires, gainez bien votre ceinture abdominale pour les protéger.

Violoniste

La posture du violoniste est particulièrement contraignante du fait de son asymétrie ; de ce fait, on retrouve souvent des zones de tensions au niveau de la colonne et notamment entre les omoplates et en haut de la colonne dorsale. Les mouvements répétés notamment au niveau des doigts, peuvent provoquer des tensions musculaires, tendineuses. Le relâchement du bras du violoniste autour de son archer est fondamental !

Guitariste

La guitare est un instrument lourd et donc potentiellement traumatisant pour votre organisme. S’il est porté en bandoulière pendant des heures, elle peut conduire à une compression de nerfs et de vaisseaux sanguins au niveau des cervicales (cou et épaules).
Les guitaristes autodidactes ont souvent des problèmes de posture. Lorsque l’on apprend à jouer d’un instrument il est aussi primordial d’apprendre la posture dans laquelle en jouer.

La technique Alexander est une méthode éducative basée sur le ressenti de nos propres mouvements ; elle est particulièrement complémentaire avec l’ostéopathie dans la prise en charge du musicien.